Machine à laver en logement meublé : obligatoire ou facultative ?

Un studio flambant neuf, des équipements qui brillent de promesses… et pourtant, la corvée du linge s’invite sans prévenir. Clément, fraîchement installé, découvre une cuisine équipée jusqu’à la poignée chromée de la bouilloire, mais s’étonne de l’absence d’une machine à laver. Entre lessives improvisées dans le lavabo et escapades régulières à la laverie du quartier, la réalité rattrape vite l’idée d’un meublé « prêt à vivre ». Pourquoi cet incontournable du confort moderne reste-t-il le grand absent de tant de locations meublées ?

Derrière cette question se cache un enchevêtrement de choix économiques, d’interprétations réglementaires et d’attentes parfois contradictoires. Le locataire espère la simplicité, le propriétaire vise l’efficacité. Et la machine à laver, elle, se retrouve au cœur d’un débat bien plus vaste qu’il n’y paraît.

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Machine à laver en location meublée : ce que dit la loi

Un texte et pas d’ambiguïté : le décret n° 2015-981 du 31 juillet 2015, hérité de la loi Alur, dresse la liste des équipements indispensables dans une location meublée. Le logement doit comporter un certain nombre de meubles et d’appareils, sans place pour l’approximation. Mais surprise : la machine à laver n’apparait nulle part dans cette liste exhaustive.

Le législateur impose :

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  • une literie complète, couette ou couverture comprise,
  • des plaques de cuisson,
  • un four ou un micro-ondes,
  • un réfrigérateur avec compartiment congélation,
  • de la vaisselle en quantité suffisante,
  • des ustensiles de cuisine,
  • une table, des sièges, des espaces de rangement,
  • des luminaires,
  • du matériel d’entretien ménager adapté à la surface.

Pas de lave-linge, pas de sèche-linge, pas même de lave-vaisselle. Le contrat de location meublée – qu’il s’agisse d’un bail classique, d’un bail étudiant ou d’un bail mobilité – se contente de cette liste. Ni l’état des lieux, ni l’inventaire annexés au bail ne peuvent exiger la présence d’une machine à laver. Le propriétaire peut évidemment compléter ce minimum, mais la réglementation ne l’impose jamais. La machine à laver reste donc en dehors du champ des équipements obligatoires.

Obligation ou simple avantage pour le locataire ?

Le lave-linge ne relève que du choix du propriétaire. Inscrire ou non cet appareil dans la location meublée, c’est une question de stratégie, pas de légalité. Aucune ligne de la liste officielle, aucun article du bail n’impose le lave-linge aux bailleurs. Pourtant, le sujet agite régulièrement les discussions entre propriétaires et locataires.

En pratique, le propriétaire décide s’il ajoute un lave-linge en tant qu’équipement facultatif. Il peut le mentionner dans l’inventaire, mais rien ne l’y contraint. En cas de contestation, la justice tranche selon la liste réglementaire : si la machine à laver n’est pas au contrat, le locataire ne peut rien exiger.

Côté locataire, disposer d’un lave-linge devient vite un argument de poids. Dans les grandes villes, devoir courir la laverie ou s’organiser pour laver son linge ailleurs peut vite lasser. Pourtant, l’absence d’une machine à laver ne remet pas en cause la légalité du logement meublé. Certains propriétaires misent sur ce petit plus pour attirer davantage de candidats et justifier un loyer légèrement supérieur, surtout en zones tendues.

  • Le lave-linge : atout séduisant sur le marché, mais jamais une exigence légale.
  • Sa présence doit toujours apparaître dans le contrat pour éviter toute ambiguïté.

Zoom sur les attentes des locataires et la réalité du marché

La location meublée attire un public varié : étudiants, jeunes actifs, expatriés. Les attentes en matière d’équipements évoluent, mais un point ressort : pour un séjour de plusieurs mois, la présence d’un lave-linge devient rapidement un critère éliminatoire. Dans les grandes villes, où la laverie automatique n’est pas toujours à portée de main, la demande grimpe.

Les propriétaires avisés adaptent leur offre à ces nouvelles exigences. Selon les plateformes spécialisées, les annonces mentionnant la présence d’un lave-linge voient leur taux de contact augmenter et partent plus vite à la location.

  • Pour 61% des locataires en meublé, le lave-linge fait la différence, d’après une étude PAP de 2023.
  • Dans les villes étudiantes, l’absence de cet appareil rallonge en moyenne de 12 jours la durée de mise en location.

Résultat : le loyer peut grimper légèrement si le logement inclut ce confort supplémentaire. Le propriétaire y gagne sur deux tableaux : moins de périodes vacantes, des locataires fidélisés. Dans un marché tendu, intégrer le lave-linge parmi les équipements facultatifs devient un levier pour sortir du lot.

appartement lave-linge

Comment décider d’équiper (ou non) son logement d’un lave-linge ?

Pour le propriétaire, tout est question d’arbitrage. L’attractivité du logement doit se mesurer aux contraintes logistiques et au profil de la clientèle visée. Un studio en centre-ville, à deux pas d’une laverie, n’aura pas les mêmes enjeux qu’un T2 excentré, loin de toute solution de dépannage.

  • Pour un étudiant ou un jeune actif, la praticité prime. Si la laverie est éloignée, l’absence de lave-linge devient un obstacle.
  • Dans les quartiers familiaux, la demande pour un équipement complet grimpe en flèche.

Il faut aussi penser à la gestion au quotidien. Installer une machine à laver, c’est s’engager à l’entretenir. Si l’appareil tombe en panne, le bailleur doit agir vite, sous peine de voir s’envenimer la relation avec le locataire. Mieux vaut détailler chaque équipement dans le contrat de location, pour prévenir tout litige le jour où l’état des lieux mettra en lumière une défaillance.

Enfin, la question de la rentabilité pèse dans la balance. Si l’achat et l’entretien du lave-linge restent marginaux face à la valorisation du bien ou à la rapidité de relocation, le jeu en vaut la chandelle. Mais pour un propriétaire éloigné ou un logement avec forte rotation de locataires, la simplicité peut l’emporter pour éviter les tracas techniques. Entre confort et contraintes, la balance doit s’ajuster au cas par cas.

Au fond, la machine à laver dans un meublé, c’est un peu la cerise sur le gâteau : pas obligatoire, mais souvent décisive. Un détail qui, parfois, fait toute la différence au moment de choisir – ou de quitter – un toit.